Après les victoires jeudi soir d’Acapella-Soreal-Proludic en Multi 2000 et d’Amanjiwo 2 en IRC, les arrivées se sont succédé vendredi sur LA DRHEAM CUP – Destination Cotentin. Sur le parcours DRHEAM 700, Thibaut Vauchel-Camus s’est imposé en MULTI50 sur le dernier-né de la flotte, Solidaires en Peloton-ARSEP, tandis qu’en IMOCA, on a assisté à une grande première avec un doublé féminin, Samantha Davies (Initiatives Cœur) ayant devancé Isabelle Joschke (Monin). En CLASS40, Yoann Richomme (Veedol) l’emporte sur un bateau mis à l’eau fin juin, tandis qu’en Open Grands monocoques, la victoire revient à Bretagne Telecom (Nicolas Groleau).
La deuxième édition de LA DRHEAM CUP – Destination Cotentin restera comme un moment historique pour ses vainqueurs ! Au lendemain des arrivées des deux bateaux ayant terminé en tête du parcours de 400 milles via Wolf Rock, dans l’ordre Acapella-Soreal-Proludic (Charlie Capelle), vainqueur du trophée DRHEAM 400 et en MULTI2000, et Amanjiwo 2 (Sébastien Harinkouck), qui s’est imposé en IRC, le Bassin du Commerce à Cherbourg-en-Cotentin a vu débarquer les premiers vainqueurs sur le grand parcours de 700 milles, qualificatif pour la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, des vainqueurs qui se souviendront de leur DRHEAM CUP !
Multi50 : Thibaut Vauchel-Camus s’est arraché
Le premier à couper la ligne, à 11h06’10, après 3 jours 19 heures 45 minutes et 10 secondes (9,29 nœuds de vitesse réelle, 852 milles parcourus), a été le MULTI50 Solidaires en Peloton – ARSEP (Thibaut Vauchel Camus) – soit une première victoire pour ce trimaran construit à Dubaï et arrivé fin mars dans son port d’attache de Saint-Malo – à l’issue d’une course riche en rebondissements, d’abord marquée par le cavalier seul d’Armel Tripon (Réauté Chocolat), ensuite par un regroupement général à Wolf Rock, dont a su profiter Thibaut Vauchel-Camus, pas mécontent de ce premier succès en 50 pieds.
« Ça fait carrément du bien, ça montre que le projet est solide, c’est bon à prendre », a commenté l’heureux vainqueur, épuisé après n’avoir dormi que six heures en quatre nuits. « Le jeu était super ouvert, c’était une course ambiance Figaro à faire des petits coups, il fallait gérer des passages de dorsales, jouer avec les courants et les renverses. Au début, Armel nous met une jolie valise, mais après, dans la descente du Fastnet, il a fallu un peu tirer sur la machine et ça m’a permis de revenir. Ensuite, au niveau du sud de l’Angleterre, il y avait des choix à faire, le mien a été différent de celui d’Armel et Erwan (Le Roux) qui ont voulu profiter des petits flux thermiques de fin de journée en tricotant le long des côtes anglaises ; moi, je me suis dit que ça faisait trop de chemin mal investi, que les voyants étaient au vert pour traverser la Manche. Après, la question existentielle était de savoir s’il fallait passer le DST au nord ou au sud, je suis passé au sud, j’ai fait le bon choix, d’autant que derrière, Lalou est revenu pleine balle ». Distancé en début de course, Lalou Roucayrol (Arkema) finit effectivement à seulement 15 minutes et 30 secondes de Thibaut Vauchel-Camus, tandis qu’Erwan Le Roux (FenêtréA-Mix Buffet) complète le podium.
Du côté de l’IMOCA, cette DRHEAM CUP – Destination Cotentin est une grande première avec un inédit doublé féminin dans la classe des 60 pieds. Après avoir bataillé l’une contre l’autre dans la montée vers le Fastnet, Sam Davies et Isabelle Josckhke se sont retrouvées à vue à l’approche de la ligne d’arrivée, dans les calmes de la Manche, la première, sur Initiatives Cœur, a finalement tenu bon, victorieuse à 11h35’03, après 3 jours 20 heures 14 minutes et 3 secondes (8,86 nœuds de vitesse réelle sur 817 milles parcourus), avec 13 minutes et 33 secondes d’avance sur la skipper de Monin. « Je suis super fière, c’est la première course que je gagne en solo en IMOCA, je suis restée en tête quasiment toute la course, j’avais en plus gagné le prologue, je ne peux pas rêver mieux ! Sur la fin, dans la pétole, je n’ai pas eu peur, je suis restée assez zen, je savais que j’allais revoir les autres avant l’arrivée, mais j’étais préparée mentalement », s’est réjouie la Britannique, tandis que la Franco-Allemande, se montrait également satisfaite de son parcours : « C’était ma première course en solitaire sur le bateau, j’étais venue pour apprendre, je vois que j’ai tenu le choc, je suis vraiment contente ». Quant à Yann Eliès, troisième sur UCAR-St Michel, il s’est montré beau joueur : « Les filles ont super bien navigué. Dès le début, je savais qu’elles seraient mes principales concurrentes, parce qu’elles étaient affutées et que les conditions qu’on allait rencontrer étaient plus propices à leur bateau. Je suis bien parti, mais je me suis pris les pieds dans le tapis dès la première nuit. Après, la mission est devenue quasiment impossible, j’y ai quand même cru hier soir, j’ai senti l’odeur du sang, mais les filles ont coupé la ligne d’arrivée dans l’ordre qu’il fallait, c’est très bien comme ça ». Et Samantha Davies de conclure, à propos de ce doublé féminin : « En IMOCA, c’est une première et pas la dernière !
Class40 : Yoann Richomme s’est étonné
En CLASS40, la bataille aura là encore été incertaine jusqu’au bout, avec, comme sur toutes les dernières courses de cette série très homogène, une bataille de tous les instants entre six ou sept solitaires. Et c’est finalement Yoann Richomme, sur Veedol, un plan Lombard survitaminé mis à l’eau le 29 juin dernier, qui s’est imposé, le vainqueur de la Solitaire du Figaro 2016 ayant quasiment toujours été aux avant-postes, preuve de la vélocité de son nouveau Class40. « Je suis le premier étonné de cette victoire, a-t-il commenté une fois le pied à terre. J’ai certes une grande confiance dans le design et le potentiel du bateau, mais ce n’était que sa cinquième navigation ». Et l’intéressé d’ajouter, à propos de ses 4 jours 2 heures 7 minutes et 7 secondes passés en mer, avec notamment Phil Sharp à ses trousses : « Au passage du Fastnet, Phil est à 0,8 mille derrière moi, je n’ai alors aucune certitude sur le bord de près, mais je me suis rendu compte que j’allais un peu plus vite. Finalement, il est revenu une puis deux fois, je passe Wolf Rock juste devant le front et je réussis à creuser un peu. Je suis le premier impressionné par ce résultat, j’ai une machine de guerre entre les mains, mais qu’est-ce que c’est dur ! C’est parfois très violent, j’ai fait 22 nœuds au reaching, avec des bords à 17 de moyenne, c’était assez dingue. Sur cet événement, j’ai énormément appris, en couvrant plein de phases du bateau ». Phil Sharp (Imerys Clean Energy) a pris la deuxième place devant un autre Britannique, Luke Berry (Lamotte Module Création) pour un podium qui, comme en IMOCA, célèbre l’Europe de la voile !
Elles/Ils ont dit :
Isabelle Joschke, (Monin, 2e en IMOCA) : « La DRHEAM CUP est une épreuve très physique et c’est avec une certaine appréhension que je me suis lancée dans la compétition, j’espérais être capable de gérer tout, toute seule. Dans l’ensemble, tout s’est bien passé et je suis satisfaite de la manière dont j’ai manœuvré. Avec cette course et cette seconde place, j’ai franchi une étape importante, en validant le fait que j’étais tout à fait apte à manœuvrer l’IMOCA seule, dans des conditions météo plutôt calmes. J’ai également beaucoup appris durant ces cinq jours, en commettant certaines erreurs que je ne soupçonnais pas lorsque je naviguais en double. Je me suis parfois fait peur mais j’en ai retiré des apprentissages importants pour la suite. Même si le vent n’était pas toujours au rendez-vous, nous avons profité d’un temps et de paysages splendides, avec de beaux moments de navigation au portant, je me suis vraiment régalée ».
Yann Eliès (UCAR-StMichel, 3e en IMOCA) : « La course était belle mais le bilan est mitigé, il y a eu du très bon et du moins bon ! Le petit temps a été plus compliqué, puisque ce type de météo n’est pas le point fort du bateau. Je suis content de cet exercice et c’était une bonne chose d’inscrire cette course à mon programme de préparation de la Route du Rhum. La bonne nouvelle c’est d’avoir ces deux femmes qui mettent la raclée aux garçons. On dit parfois que la voile est un sport « mâle » et on souffre de cette image, Samantha Davies et Isabelle Joschke nous prouvent le contraire, bravo les filles ! »
Damien Seguin (Groupe Apicil, 4e en IMOCA) : « La dernière nuit, je savais que le vent allait retomber et qu’il allait falloir être attentif. J’ai volontairement tiré sur le bonhomme, je me suis mis un peu dans le rouge car je sais que cette fin de course peut tout à fait ressembler à ce que sera l’arrivée de la Route du Rhum. Je suis content de ma course, j’ai l’impression d’avoir bien fait les choses. Ce n’était pas simple. Les conditions ont été extrêmement variées. Le bilan est très positif. Surtout, je me suis senti à l’aise sur le bateau ».
Armel Tripon (Réauté Chocolat, 4e en MULTI50) : « Sur la première partie de course, j’ai bien négocié la dorsale grâce à mon décalage au nord. Mais je savais que ça n’allait pas servir à grand-chose parce qu’on attendait un regroupement général aux Scilly. Après les Scilly, je choisis d’aller à la côte, au sud de l’Angleterre, quand les autres restent plus au large car les fichiers n’annonçaient pas de vent en milieu de Manche. Malheureusement, les modèles se sont trompés. Notre erreur avec Erwan Le Roux a été de ne pas contrôler nos adversaires. Je note cependant beaucoup de points positifs, j’ai pu voir que le bateau avait une bonne vitesse et qu’il y avait une bonne coordination avec la cellule météo. De mon côté, je me suis bien senti, j’ai bien géré ma course, j’ai réussi à dormir aux bons moments, à m’alimenter correctement ».