Rafales d’arrivées

En fin de journée ce jeudi, 70 bateaux ont rejoint le port de La-Trinité-Sur-Mer. Les Class40 se sont fait attendre, éole ayant décidé de mettre les nerfs des concurrents à rude épreuve à l’issue de la belle bagarre qu’ils se sont livrés sur le parcours de 1000 milles depuis Cherbourg-en-Cotentin. 33 bateaux sont toujours en course. Les leaders des catégories Rhum Multi et Rhum Mono sont attendus dans la soirée, le leader Grands Monocoques demain matin. 

Basile Bourgnon et Robin Follin, impériaux en Figaro 3

Le Figaro Beneteau 3 Edenred a ouvert la marche des arrivées, cette nuit à 00h 57 min et 54 sec. Les deux compères s’offrent leur première victoire sur le circuit Figaro Bénéteau. Le skipper Basile Bourgnon, âgé de 20 ans, a rejoint cette série pour la première fois sur cette saison 2022. Dans tout juste un mois, il disputera sa première Solitaire du Figaro, célèbre course que son père avait remportée dès sa première tentative en 1988, à l’âge de 22 ans. 

En début de matinée, Paul Morvan et son père Gildas (Foricher – Fleur d’Ajonc) ont à leur tour rejoint le port de La-Trinité-Sur-Mer. La jeune skipper du Team Vendée Formation – Botte Fondations, Charlotte Yven – seule figariste à avoir disputé les 600 milles du parcours en solitaire (dérogation accordée par la direction de course) – leur a emboîté le pas. Elle termine à la 3e marche du podium, une belle performance saluée par Paul Morvan, le skipper de Foricher – Fleur d’Ajonc (2e) : “Charlotte, on a eu du mal à la dépasser ! À la fin, heureusement qu’elle était un peu fatiguée et qu’on était en double. Elle a dû s’endormir à un moment parce qu’il y avait un coup à faire, il fallait empanner et elle ne l’a pas fait. Vraiment, chapeau à elle !” 

Ludovic Gerard – Nicolas Brossay, premier IRC Double en temps réel

Ludovic Gerard et Nicolas Brossay (Solenn for Pure Ocean) s’offrent la victoire en IRC Double en temps réel. Le duo, qui a remporté la Cap Martinique au départ de La Trinité-Sur-Mer début mai, est parfaitement rodé. Ludovic Gerard : “On a vraiment copié les méthodes de la transat et on a repris nos habitudes, très vite. On s’entend super bien, on rigole, on prend vraiment du plaisir. C’était presque trop court !” Les méditerranéens saluent le parcours de cette épreuve qu’ils disputaient pour la première fois. Ludovic Gerard : “On s’est bien battu, même s’il y avait du bon et du moins bon, notamment le long des côtes anglaises. On vient de Méditerranée, on a pas trop l’habitude !” 

Xavier Macaire, première course en solitaire en Class40, première victoire

Ils sont un peu considérés comme les grands frères des Mini 6.50, mais aussi comme de petits 60 pieds IMOCA disputant notamment le Vendée Globe. Avec une jauge très libre, mais un règlement drastique limitant les matériaux high tech et des équipements tels que les colonnes de winches, baptisés « moulins à café », ces prototypes permettent de rester dans des budgets raisonnables pour des PME, et attirent des amateurs grâce à un marché de l’occasion très actif. À Cherbourg-en-Cotentin, ils étaient 36 sur la ligne de départ, dont nombre de bateaux récemment mis à l’eau, et une brochette de skippers, brillant depuis des années sur le circuit Figaro. Durant les 1000 milles du parcours, l’épreuve servant aussi de qualification pour la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, les ténors ont régaté à couteaux tirés, se marquant à l’AIS. Xavier Macaire (Groupe SNEF), qui disputait sa première course en solitaire sur son plan Verdier flambant neuf, a su tirer son épingle du jeu. Il décroche la victoire devant Corentin Douguet (Queguiner – Innovéo). Simon Koster (Banque du Léman) complète le podium. 

Malheureuse “louiserie”

En IMOCA, Louis Duc (Fives – Lantana Environnement) est privé de classement. En effet, le skipper normand n’a pas respecté une marque de parcours située entre l’Angleterre et le Fastnet : “J’ai fait une “louiserie”, je suis passé à côté d’un avenant avant le départ. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. C’est dommage parce que je passe à côté du scratch sur le parcours des 1000 milles, je me suis battu, j’étais en rythme course à 100%, malgré le fait que je sois le seul IMOCA. Mais on va passer à côté de ça ! C’était un super parcours, j’étais venu chercher ça, car les navigations en solitaire sont comptées sur ces supports. J’ai pris beaucoup de plaisir, c’est ce que je vais garder !”

Ils ont dit : 

Basile Bourgnon (Edenred), vainqueur en Figaro 3 : “On a pensé à La Solitaire qui part dans exactement un mois juste avant de passer la ligne. Il y a aussi la Solo Guy Cotten dans dix jours, c’est le sprint final qui démarre ! Le plateau de La Solitaire n’était pas là malheureusement, mais on s’est quand même bataillé tout le long de la course, avec les Figaro mais aussi avec les IRC qui nous servaient un peu de lièvres. 
Robin Follin :”C’était top de voir les Figaro 3 au milieu d’autres bateaux, nous qui avons l’habitude d’être toujours entre nous. On s’aperçoit que ça marche quand même bien un Figaro 3. Ça mouille, mais on ne va pas se plaindre ! » 

Charlotte Yven (Team Vendée Formation – Botte Fondations), 3e en Figaro 3 : « J’ai souhaité disputer la Drheam Cup en solo car c’était pour moi la dernière opportunité avant la Solitaire du Figaro de faire un grand parcours, dans la manche, avec des points clés que l’on retrouvera sur le parcours de cette dernière. C’était l’occasion de me remettre dans le rythme, ça m’a permis de voir les points sur lesquels je devrai être vigilante sur La Solitaire. Je me suis dis que c’était un bel événement avec plein de bateaux, chouette comme course ! »  

Ludovic Gerard (Solenn for Pure Ocean), 1er en temps réel en IRC Double : “On s’est vraiment régalés ! C’était top, on s’est bien battu, même s’il y avait du bon et du moins bon, notamment le long des côtes anglaises. On vient de Méditerranée, on n’a pas trop l’habitude ! On s’est refait par la suite, particulièrement au passage du front qui a été un peu dantesque. On a fait des figures de styles assez intéressantes (rires). Ensuite, il y a eu ce long bord de spi vraiment extraordinaire puis la remontée vers la Trinité. On arrive premier en temps réel, on est très contents. Maintenant il faut attendre pour connaître le temps compensé.”

Xavier Macaire (Team SNEF), vainqueur en Class40 : “L’année dernière, j’avais dit que j’allais rompre mon abonnement à la 2e place (rires), car j’avais fait 2e à La Solitaire et 2e à La Transat Jacques Vabre, donc ça commence bien ! Le parcours ressemble à des parcours que l’on a l’habitude de faire en Figaro : le Fastnet, l’Angleterre, Rochebonne… Mais c’est toujours différent ! Là, ce ne sont pas les mêmes concurrents, pas les mêmes bateaux : ça change pas mal de choses. C’est une découverte, c’est nouveau, je suis vraiment content d’avoir découvert ça. Il y a quelques copains figaristes que je retrouve comme Yoann (Richomme) et Corentin (Douguet) mais il y a aussi plein de nouveaux concurrents que je ne connaissais pas avant, Axel (Tréhin), Ian (Lipinski), Amélie (Grassi). Au final, ça bataille comme en Figaro. Aux avant- postes, on est un certain nombre à bien chiquer le morceau ! Ce n’est pas facile d’être devant. Je suis bien cramé, j’ai la bonne mine de la satisfaction de la victoire. La descente sous spi était dure parce que ventée avec une mer formée, ça cognait beaucoup. C’était fatiguant, pas simple. Il fallait cravacher, tirer dessus, ce qui signifie faire des départs au tas, des plantés où l’on a l’impression que le bateau va se renverser… C’est assez impressionnant. L’autre difficulté était la journée d’aujourd’hui, la pétole à l’entrée de la baie de Quiberon depuis Saint-Nazaire. Ça m’a paru long et j’étais un peu déçu que le finish n’ait pas un peu plus de ‘peps’. J’ai mis des heures et des heures avant de passer la ligne d’arrivée… Mais c’est comme ça, c’est notre sport !”