Un prologue de rêve en lever de rideau de la 4ème Drheam Cup 

« Si aujourd’hui tu n’es pas heureux sur l’eau, faut arrêter de faire du bateau ! » lance en rigolant Ian Lipinski tout en amarrant son Class40 Crédit Mutuel. Dans des conditions juste exceptionnelles et sous une température d’une vingtaine de degrés que nombre de Français rêveraient d’avoir ces jours-ci, Louis-Marie Dussère (Racing Bee 2) en IRC, Axel Tréhin (Project Rescue Ocean) en Class40, Basile Bourgnon (Edenred) en Figaro 3, Marie Tabarly (Pen Duick VI) en Grand Monocoque, Quentin Vlamynck (Arkema) en Ocean Fifty, Gilles Colubi (Kornog 2) en Rhum Mono, et Oren Nataf  (Rayon vert) en Multi 2000, ont remporté le prologue dans leur catégorie. 

Caractéristique de ce véritable lever de rideau, 24 enfants embarqués sur les Class40 qui ont vécu intensément l’opération « Rêve de large ». Lorsqu’il a imaginé, puis lancé la Drheam Cup / Grand Prix de France il y a six ans, Jacques Civilise souhaitait non seulement proposer aux marins professionnels et amateurs, une épreuve hauturière de haut niveau sportif, mais aussi des rencontres, des échanges et des moments de partages entre différentes générations. « En créant Rêves de large, opération consistant à convier 25 jeunes Cherbourgeois âgés de 10 à 15 ans sur les Class40 à l’occasion du prologue, j’ai souhaité que nos adolescents qui ont besoin de rêve et d’aventures, puissent profiter de cette course porteuse de relations humaines et de partage entre générations » explique le président de la Drheam Cup. 
A écouter ces marins en herbe débarquer plein d’étoiles dans les yeux, il serait bien étonnant que ne naissent pas des vocations.

Les Dieux de la météo sont clairement du côté de Cherbourg-en-Cotentin depuis le début de l’événement. Après un 14 juillet en fanfare et un feu d’artifice magnifique, le prologue de 25 milles – véritable répétition du départ de la Drheam Cup / Grand Prix de France  qui aura lieu dimanche – s’est disputé dans un vent d’une quinzaine de nœuds de secteur Nord-Est soufflant sur une mer plate, et a été bouclé en deux temps trois mouvements par les Ocean Fifty, ces trimarans de quinze mètres pouvant atteindre plus de 30 nœuds dans ces conditions. Seul le fort courant traversier (coefficient de 97) a posé parfois quelques difficultés aux concurrents pour quitter les pontons, puis s’amarrer, avec l’aide efficace et bienveillante du personnel du port Chantereyne. Il faut voir les visages radieux de ces enfants à l’arrivée. La mer ça creuse… et ces ados engloutissent sandwiches et pâtisseries pendant que les équipages rangent le pont, avant d’être gentiment priés de participer au ménage, aider à lover les bouts, hisser les pavillons, relever les safrans fluos en tirant sur les palans… 

Demain samedi, les concurrents vont profiter de cette ultime journée pour régler les derniers petits détails techniques, et passer le plus clair de leur temps derrière l’ordinateur, à étudier les cartes isobariques, et faire tourner les routages avant le traditionnel briefing météo à 17 heures 30.


Ils ont dit :

Antoine Carpentier (Class 40 Redman) « C’était un prologue de rêve… Des journées comme ça c’est unique ! Nous avons régaté en famille, avec ma femme, mes deux enfants, et Thibau en tant qu’un invité de « Rêve du large ». J’avais sans aucun doute le plus jeune équipage de la course, ravi de virer la première marque en tête, avant de terminer second de ce prologue… »

Thibau (Rêve de large sur Redman) « C’était trop bien ! J’ai adoré, et en plus le skipper trop sympa m’a hissé dans le mât à l’arrivée au port. Il fait tout tout seul à bord, mais explique tout, car il y a des ficelles partout… Son fils lui est même monté jusqu’en tête de mât à 19 mètres, mais moi je me suis arrêté à la moitié, un truc de malade… »

Hugo (Class40 Banque du Léman) « J’ai pas aimé j’ai adoré ! Je fais un peu de voile avec le collège, mais c’est la première fois que je monte à bord d’un bateau de course. J’ai 13 ans, je suis dans une structure qui s’appelle « Espace jeunes » à Carteville, et où tu pouvais t’inscrire pour être sélectionné sur la Drheam Cup. En plus, Simon le skipper est trop cool. Il m’a laissé barrer avant le départ. J’ai aidé à hisser et plier voiles, rentrer les sacs… Ce que j’ai préféré, c’est quand le bateau penche. J’ai trop envie de continuer à faire du bateau, et mon rêve est un jour de participer à cette course… »

Amélie Grassi (Class40 La Boulangère) « Le plateau est super !Il y a des coureurs que nous n’avons encore jamais vus sur leur bateau ou en solitaire et donc ça va être sympa. La Drheam Cup est une belle répétition générale de la Route du Rhum. Et l’occasion pour moi de me situer une nouvelle fois dans la flotte sans pression. Je travaille beaucoup sur la première portion avec les points de passage au Sud de l’Angleterre. Ce sont des zones dans lesquelles j’ai déjà navigué, mais que je ne connais pas par cœur. Du coup il faut réviser, se remettre dedans. C’est la première fois que je vais passer en solo le Fastnet, ça va être hyper chouette ! Ensuite ce sera une navigation en terrain connu avec la bouée BXA, l’île d’Yeu et la baie de Quiberon, là où j’ai appris la régate… »

Eric Péron sur (Ocean Fifty Komiflo) « L’idée, sur la Drheam Cup, c’est de me roder au large en solitaire sur le support et d’entrer en configuration Route du Rhum. Il s’agit de créer une dynamique propre à la navigation en solitaire en termes de rythme, de routage, de gestion des manœuvres, de communication, de prise de risque, et de valider une méthode. L’exercice sur un multicoque est vraiment différent de ce que j’ai pu connaître auparavant : les bateaux sont véloces, pour ne pas dire instables. Ils demandent une attention et une gestion très particulières. En Ocean Fifty, on partage beaucoup, et en permanence avec la cellule de routage et l’équipe à terre. Ici, je ne suis plus complètement seul pour prendre mes décisions, la stratégie ou la gestion de la machine. La Drheam Cup va servir de galop d’essai pour toute cette mise en place. Du coup j’ai plus un objectif de travail bien fait que de résultat à proprement parler, même si évidemment, dès qu’on est sur l’eau, en course, on a forcément envie d’aller chercher la meilleure place possible. »